Et si, pour changer notre monde, nous commencions par tendre l’oreille aux voix qui ne sont pas toujours écoutées ?
Depuis septembre 2020, la tente colorée et hexagonale de bodies of knowledge (BOK) a parcouru bien du chemin, sillonnant les espaces publics de Bruxelles et d’ailleurs. Elle fait escale cet automne à Ixelles, où nous sommes heureux·ses de l’accueillir avec le Rideau, en partenariat avec le centre culturel Elzenhof. Ce refuge temporaire et accueillant nous offrira l’occasion de nous rencontrer, entre voisin·es, ami·es ou inconnu·es, pour acquérir des connaissances de vie trop peu visibilisées dans les écoles, les médias ou les sphères institutionnelles, et qui peuvent nourrir une société plus juste.
Initié par Sarah Vanhee et porté aujourd’hui collectivement avec Damla Ekin Tokel, Flore Herman et Joana B. Polge, BOK nous propose de vivre une expérience d’écoute intime et captivante. Source d’imagination radicale sur ce que peut être une école, cette salle de classe nomade et alternative s’installe sur une place publique pendant plusieurs semaines, organisant des « journées d’apprentissage » ouvertes à toustes les habitant·es du territoire. Chacun·e peut y venir écouter la parole d’expert·es de vie, rencontré·es dans le quartier. Des « bodies of knowledge », qui partagent des savoirs issus de leurs parcours et de leurs expériences, sous forme de courtes sessions qui s’enchaînent sur des sujets variés : « bien vivre avec peu d’argent » ; « le squat comme stratégie de survie en ville » ; « comment oser s’exprimer : les explorations d’une jeune sorcière » ; « comment lutter contre les violences policières dans nos quartiers » ; « de mère en fille, se soigner avec les plantes en Algérie » … Un corpus de connaissances non-dominantes, qui défie la hiérarchie classique des savoirs, et ne cesse de grandir à mesure que la communauté d’écoute et de partage s’étend.
À Ixelles, BOK partira à la recherche de connaissance locales, avec un noyau de participant·es intéressé·es par la création de cette école temporaire dans leur quartier. À l’issue d’une période de workshop immersive, i·els proposeront plusieurs journées publiques, ouvertes à toustes les passant·es, où chacun·e pourra venir apprendre quelque chose, ressentir des émotions nouvelles, se reconnecter au plaisir de l’écoute et de la découverte… Dessinant un projet humain passionnant qui transcende les frontières classiques du théâtre, cette expérience réaffirme l’importance de l’espace public en tant que lieu de rencontre et d’échanges, et nous rappelle la fonction vitale de l’art au sein de nos communautés.