Notre edito de saison : Des mondes en devenir

Comment réinvestir un espace des possibles, face aux crises qui s’enchaînent et saturent notre horizon ? Comment perforer cette chape qui pèse sur nos désirs, sur nos mouvances et sur nos joies ? Cette fatalité que certain·es, prétendument lucides, nous invitent à adopter, pour observer le réel soi-disant tel qu’il est, oubliant de le voir, de l’envisager, de le rêver tel qu’il pourrait devenir.  

 
Face à l’industrie de la désespérance, qui éclipse nos potentiels et muselle nos récits, nous voulons nous atteler à penser ces mondes en devenir. À sortir des fictions qui nous sont imposées pour en inventer de nouvelles. Des formes et des histoires ouvertes, remplies de nos attentes, de nos impatiences, de nos audaces et de nos contradictions.   

À ces voix qui martèlent à longueur de journée qu’« on ne peut plus rien dire », nous opposerons la clameur de notre humanité plurielle et toujours frémissante. Nous répondrons que si, justement, on peut dire. Tout dire. On peut dire nos élans et nos vulnérabilités. Nos tendresses et nos doutes. On peut crier nos colères et nos indignations. On peut inventer, ensemble, de nouvelles fables, chercher un nouveau souffle, forger de nouveaux mots. Cultiver nos paysages, célébrer la magie, et nous aventurer dans les méandres cachés de nos imaginaires. 


On peut, et surtout on veut dire ce qui n’a pas toujours été entendu. Repriser les failles qui nous séparent, réparer nos mémoires et tisser entre nos corps de nouvelles passerelles. Repeupler notre héritage, pour faire résonner, dans ses brèches, les voix que notre monde a réduites au silence, les visages oubliés, les fantômes qui nous frôlent et la foule des absent·es qui murmure à notre oreille.  


Nous n’aurons jamais fini de raconter des histoires. Jamais fini d’explorer des recoins inconnus dans nos vies. Alors oui, la nouvelle saison du Varia en témoigne, on peut, on veut, on doit dire. Et aussi longtemps que nous nous tiendrons debout, ensemble, à l’affût l’un·e de l’autre et à l’écoute de nos rêves, on continuera de dire qu’il existe, quelque part au fond de nos regards, d’autres mondes en devenir. Aux artistes d’en être les traducteur·ices. À vous, chers publics, de les rendre possibles.  

 
On se réjouit de vous retrouver,  

 
Coline Struyf, directrice artistique et générale ainsi que toute l’équipe du Varia

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